Le lion Cécil. Le docteur Palmer… Ces noms ne vous disent rien ? Mais si, rappelez-vous, l’histoire de la mort du félin de 13 ans abattu par un dentiste américain avait pourtant déclenché un tollé planétaire, alimenté par les médias et les réseaux sociaux. A l’origine de toute cette affaire, une « simple » photographie, où, en arrière-plan, posaient fièrement les hommes ayant traqué et tué Cécil. Internautes du monde entier avaient alors menés une véritable chasse à l’homme virtuelle, déversant leur haine, leur colère et leur dégoût à l’encontre du dentiste de Minneapolis (dont le nom et l’adresse avaient été diffusés en ligne par la Zimbabwe Conservation Task Force). Un lynchage sur la toile en « bonne et due forme » si je puis dire, qui mit à mal une fois de plus l’image de la chasse et des chasseurs.
Tout ça pourquoi ? Parce que certains individus, une fois de retour de leurs safaris et de leurs beaux (et chers) voyages de chasse, exposent fièrement leur(s) trophée(s) en ligne, sans réfléchir aux éventuelles conséquences. Régulièrement, les médias se font l’écho des espèces animales qui risquent de disparaitre si rien n’est fait pour assurer leur survie. Dans l’inconscient collectif, tuer un éléphant, un ours, une antilope, un léopard ou autre n’est donc absolument pas envisageable (et, néanmoins chasseur, je partage aussi cet avis). Pourtant, prélever de tels gibiers est possible, et les organisateurs de voyages disposent bien évidemment (j’ose imaginer dans 100% des cas) de toutes les autorisations officielles nécessaires pour que leurs « clients » puissent venir tirer quelques cartouches sur des animaux emblématiques.
Malheureusement, l’égo (où la stupidité je ne sais pas) de certains chasseurs est plus forte que tout : il faut « s’afficher » et montrer les trophées que l’on a pu prélever, cela va de soi. Et c’est dans ce genre de cas qu’à mon sens, on tend le bâton pour se faire battre. Il est vrai, pour nos détracteurs et les diverses associations de défense animale, ces photos sont du « pain béni » destinées à montrer et prouver au grand public que les chasseurs ne respectent rien. Pire, il paraitrait même que nous prendrions plaisir à tuer… Amis chasseurs, chasseresses, de grâce, évitez ce genre de clichés, ou soignez un tant soi peu vos mises en scène ! Par vos actes, c’est l’ensemble du monde cynégétique que vous mettez à mal ! Vous voulez des exemples ?
Dernièrement, Aryanna Gourdin s’est attirée les foudres du web en publiant sur son profil Facebook une photo d’une girafe que la jeune fille de 12 ans à peine avait pu tuer lors d’une excursion dans la savane. Autre cas avec Sabrina Corgatelli, une chasseuse ayant récemment ravivé la colère des internautes en postant des photographies d’elle même, le sourire aux lèvres, aux pieds de ses victimes (girafe, crocodile, impala et gnou bleu). Même déferlement de haine envers Allen Tarpley, un américain ayant posté des clichés de ses deux enfants (respectivement 7 et 9 ans) aux côtés d’un lion mort, sur Twitter. On continue ? En octobre 2015, le journal The Telegraph publie un papier accablant à l’encontre d’un homme ayant, à priori, tué le plus gros éléphant recensé de ces 30 dernières années. En 2014, Kendall Jones pose fièrement en compagnie d’un léopard : cette américaine, d’ailleurs, ayant expliqué avoir abattu les « Big Five » à 14 ans à peine, à savoir un rhinocéros, un éléphant, un buffle, un lion et un léopard; de quoi soulever l’indignation sur les réseaux sociaux.
Je m’arrête là, la coupe est pleine. Pourtant, des exemples de ce type existent par dizaines.. Alors, à celles et ceux qui vont me critiquer et qui seraient prêts à m’envoyer à l’échafaud, je veux vous dire que j’assume entièrement ces mots, ces phrases et ce texte. Ceux qui me connaissent savent que je suis un ardent défenseur d’une chasse éthique et respectueuse. Cela ne me dérange absolument pas de voir sur vos pages Facebook et autres de beaux tableaux de chasse de sangliers, brocards, gibiers d’eau… mis en scène comme il se doit; d’ailleurs je ne critique absolument pas non plus les tours opérateurs qui organisent des séjours de chasse, bien au contraire; non, j’ai plus une « dent » contre celles et ceux qui s’affichent irrespectueusement sur des clichés avec des mammifères « majestueux ». Et si ce billet permet de réveiller les consciences, alors j’en serai le plus heureux.
En quelques années seulement, les avancées de la science nous ont appris que les animaux étaient réellement des êtres sentients, c’est-à-dire des êtres ayant un système nerveux leur faisant ressentir la douleur physique exactement comme nous la ressentons nous-mêmes, et un cerveau leur procurant des émotions similaires à nos émotions. Leur intelligence peut parfois même rivaliser avec celle d’enfants de deux à trois ans.
Leur apparence extérieure a beau être différente, à l’intérieur les similitudes sont carrément effrayantes. Ils connaissent la peur, le stress, la panique lorsqu’ils sont dans les couloirs de la mort de nos abattoirs, l’anéantissement lorsqu’on les sépare de leur progéniture. Il sont également capables d’éprouver de l’amour, du désir, de l’espoir…
Les poules par exemple ont de réelles capacités intellectuelles. Non seulement elles pensent, mais leur raisonnement est élaboré. Elles arrivent à planifier des événements. Les scientifiques ont poussé les recherches durant plus de vingt ans pour tenter de pénétrer leur cerveau. Elles seraient capables de compter jusqu’à cinq. Elles ont une logique de raisonnement que personne jusqu’à présent n’avait pu leur soupçonner. Elles comprennent par exemple que la patience apporte des avantages, et bien d’autres choses.
Lorsque que les scientifiques se penchent sur l’intellect des animaux, quels qu’ils soient, ce sont de véritables surprises qui apparaissent.
Oui, une pensée sans langage existe chez les animaux ! Non seulement ils pensent, mais ils souffrent affreusement du traitement que nous leur infligeons.
Et malgré ces étonnantes découvertes, nous n’avons rien modifié du regard que nous portons sur eux.
Serait-ce que la plupart d’entre nous n’auraient tout simplement aucune conscience ?
En fait, comme le dit le scientifique Siobhan Abeyesinghe, nous nous réfugions derrière une protection psychologique qui consiste à les dévaloriser de manière à pouvoir les utiliser pour la nourriture, ou pour le plaisir, comme la chasse, les corridas, sans que cela ne nous pose aucun problème de conscience…
Sans cette dévalorisation, la situation ne serait plus tenable.
Les abattoirs sont des lieux où l’on opère à huit clos. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment notre société, si elle en était témoin, pourrait-elle continuer d’accepter la souffrance permanente d’êtres sensibles que l’on mène à la mort dans des conditions parfois épouvantables, uniquement pour son confort personnel ?
Cela pense-t-il ? Cela ressent-il la douleur lorsque nous les castrons sans aucune anesthésie, que nous leur arrachons leur fourrure alors qu’ils ne sont pas encore mort, que nous les égorgeons pour les vider de leur sang dans une lente agonie ?
La plupart de nous s’en contrefoute. La loi n’interdit pas de faire souffrir, alors pourquoi se poser des questions ?
C’est si bon un steak bien saignant, ou une assiette de nuggets fabriqués avec la pâte de poussins que l’on aura broyés vivants…
La conscience… Qu’est-ce donc que cela ?
Bien heureusement un nouveau courant de pensée est en train de monter. Les militants pour le droit des animaux sont de plus en plus nombreux. Dans plusieurs pays européens, des supermarchés végans, c’est-à-dire des supermarchés où l’on ne trouve aucun produit résultant de la souffrance animale, ont fait leur apparition. Il y a en Belgique un ministère du bien-être animal. Des partis politiques propres au droit des animaux sont également apparus « Di Tierscutzpartei » en Allemagne, « Animals count party » en Angleterre, « PvdD » aux Pay-Bas… Pratiquement tous les pays européens ont leur parti pour les animaux.
Il n’y a bien sûr qu’en France où l’on traîne le pas.
Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on sait que, malgré les découvertes précédemment évoquées, des sénateurs ont encore été capables de remettre en question le fait qu’un animal puisse être un être sensible…
Quelle honte pour le pays dont sont issus Voltaire, Hugo, Zola, et tous ces écrivains qui, même à leur époque, montaient déjà au créneau pour la cause animale…
Il faudra donc attendre plus longtemps qu’ailleurs, et peut-être aussi se battre un peu plus fort. Mais nous y arriverons, la chose est certaine : Le droit des animaux constituera l’une des cause principales du 21ème siècle.
Excellent article, nous devons être garants de notre éthique…